Ironman d'Italie: ...le chrono à n'importe quel prix...

Deux bonnes semaines sont passées et il est maintenant temps de revenir plus en détails sur ma participation à l'Ironman de Cervia (Italie) qui s'est déroulé le samedi 22 septembre.

 

Ayant eu trois semaines entre les Championnats du Monde de duathlon longue distance à Zofingen et le départ de cette course, autant dire qu'il a fallu vite récupérer afin d'arriver au mieux sur cet Ironman. L'objectif était double puisque d'un côté après quelques temps d'absence sur triathlon je souhaitais pouvoir sortir une course à mon niveau de performance actuel afin de voir à quel niveau je pouvais me situer sur ce type de course et en tirer des enseignements pour progresser par la suite sur le circuit Ironman. Par ailleurs le deuxième objectif était de conclure cette compétition et ce beau projet sportif à deux, avec ma femme, pour notre 30ème année!

 

Arrivés sur le site de course quelques jours avant (mercredi), nous avons eu le temps de repérer les différents parcours et de constater que la chaleur serait bien présente.

Le parcours natation semblait plutôt motivant avec ces deux boucles et sa sortie à l'australienne, mais c'était sans compter sur la foule de supporters aquatique...en effet les méduses étaient elles aussi déjà là quelques jours avant le départ.

Concernant le parcours vélo, aucune difficulté à l'horizon, je ne pensais pas que ce serait aussi plat. Heureusement une petite côte bien raide sera empruntée deux fois au km 45 et km 135 afin de changer un peu de position. Même s'il y aurait sûrement pas mal de vent, avec un tel parcours ça risquait d'aller vite.

Côté course à pied, les quatre boucles sillonnaient la ville et le bord de mer. Il ne semblait pas monotone et il y avait de bonnes portions ombragées qui seront bonnes à prendre car au soleil les températures montaient jusqu'à 38°!

La veille de course, nous avons installé nos vélos et nous avons constaté que comme prévu, l'organisation était très pro, et la fête s'annoncerait belle le lendemain avec environ 2400 partants!

 

En toute transparence, voici ce qu'étaient mes prévisions en détails:

- une natation en amplitude, bien nagée, pour sortir frais avec le sourire (Oui avec 4 mois de reprise dans les bassins je ne comptais pas me faire trop mal, ni viser de chrono précis)

- un vélo entre 270 et 280w de puissance normalisée (à mon niveau actuel) ce qui devait donner autour de 40.5 à 41km/h de moyenne.

- une course à pied en visant la même moyenne qu'à Zofingen avec le dénivelé en moins...c'est à dire 3'55s au kilo sur 30km puis voir si je maintenais ou si je pourrais faire un peu mieux sur la fin de parcours!

 

Après avoir retrouvé de la famille venue nous soutenir sur place, direction mon lit pour une courte nuit avant le jour J.

 

Réveil 5h30 pour un bon petit déjeuner, puis direction le site de course pour gonfler les vélos et installer nos bidons et barres sur le vélo.

Le temps passe vite et le jour se lève, il est temps de se diriger vers la plage et d'enfiler les combinaisons. Dernier petit briefing entre amoureux avant le départ :-), puis direction le sas moins de 1h pour atteindre notre tour. Le départ en "rolling start" nous fais partir par petites vagues au fur et à mesure, ce qui produit un flux continue de nageurs qui s'élancent. Mais avec le nombre de partants il faut bien essayer de gérer le départ sans trop de risques de bousculades.

La vague pro étant partie à 7h30, il faudra attendre 7h50 pour que nous puissions nous élancer tous les deux.

 

C'est parti! Sans trop d'agitation je pose ma nage et prends plaisir à nager. Sans surprise nous retrouvons un grand nombre de méduses tout au long du parcours...heureusement nous sommes en néoprènes. A ma grande surprise la sortie approche et je n'ai eu aucune sensation que c'était LONG! Je sors de l'eau en 1h11, certes rien de bien impressionnant mais content de cette reprise après plus de 10 ans sans entraînements natation.

 

Frais et concentré je me dirige vers le parc à vélo pour récupérer mes affaires. Surprise: ma chère et tendre est à l'opposé dans le parc prête à monter sur sa monture. Je l'encourage et lui fais signe, elle doit être 5 bonnes minutes devant moi. Le casque mis et mon bolide enfourché, je commence ma remontée. Sans euphorie et en respectant mes allures, les kilomètres défilent rapidement avec une moyenne proche des 41km/h sur le premier aller de 45km. Une petite boucle au bout de l'aller empêche de voir les athlètes qui sont entre 5 et 15mins devant et de même pour les poursuivants entre 5 et 15mins derrière, ce qui aura son importance, j'y viendrai par la suite.

Le retour se passe bien, je m'alimente correctement et les bidons descendent rapidement avec le soleil qui tape de plus en plus! 

41,5 km/h de moyenne sur le retour avec pour le moment 279w au km 80. Tout va bien, je sens que les jambes répondent comme il faut, ça s'annonce prometteur pour la suite. Il reste quelques kilomètres avant le demi-tour (et donc la fin de la première boucle sur deux); sachant qu'il y a également un ravitaillement sur ce demi-tour et compte tenu de la chaleur, je décide de ralentir pour m'alimenter et surtout m'hydrater un maximum pour me débarrasser de mes gourdes afin d' en prendre de nouvelles bien remplies :-).

Peu de temps avant le demi-tour je croise un groupe...pour ne pas dire un paquet d'environ 20 unités..roues dans roues...à environ 5mins maximum d'avance sur moi! Arrive le demi-tour, 90km d'effectués à plus de 40.5km/h pour 274w. Je vois la famille et entends avec plaisir leurs encouragements, puis je prends le temps de reprendre deux bidons au ravitaillement pour ne pas risquer de manquer. C'est reparti pour un aller-retour et j'ai en tête ce paquet juste devant que je compte bien déposer tellement cette vision commence à me faire bouillir!

Quand tout à coup.... je croise également un autre PAQUET qui termine lui aussi son premier aller-retour. Ils sont encore plus nombreux (je dirais une trentaine) et doivent avoir aussi 5 bonnes minutes sur moi mais de retard. Je n'y comprend plus rien...c'est vrai que je n'ai pas croisé d'arbitre depuis le début mais quand même!

Au km 100, je rattrape le groupe qui était devant moi, et là: STUPEUR!

Ils sont tous roues dans roues en vélo de contre la montre, ne cherchant même pas à s'écarter ou prendre 3-4m de distance au lieu des 12m règlementaires. Pire je passe et ça saute direct dans ma roue!

Telle une course cycliste, ils ne lâchent rien et même à crier sur eux,  tout le monde s'en fiche et roule sur toute la largeur de la voie de droite... Je me redresse et constate qu'il n'y a rien à faire je suis au sein d'un pack et je ne suis pas venu ici faire une course de vélo! Je suis de plus en plus énervé et cette situation me met hors de moi. La moyenne diminue et je me sens pris au piège, je ne pensais pas que de tels agissements pouvaient se faire en course. Très peu de temps après, nous sommes rejoins par le deuxième groupe que j'avais vu au demi-tour! Nous formons donc maintenant un énorme pack d'environ 50 unités...mais où suis-je ?

Je baisse de plus en plus les bras, désespéré de voir cette situation évoluer comme telle. Plutôt virulents avec ceux à qui je croise le regard, rapidement l'on m'explique que c'est comme ça sur Ironman et que ça ne sert à rien de gueuler il faut attendre que ça se passe au chaud et ça se réglera au marathon....!!

Effectivement pour moi c'est foutu, les kms continuent de défiler et je ne suis pas dans mes allures et quant à mes watts cibles...je n'en parle même pas (enfin pas encore!). Je passe donc la fin du vélo dégoutté de cette mentalité, de cette non sportivité, et pourtant de plus en plus d'explications arrivent sur certaines performances d'athlètes qui arrivent à sortir des chronos sur Ironman qu'ils ne sortent nulle part ailleurs! Faire une moyenne tout seul ou en pack, ce n'est pas la même chose! Ce qui influencera forcément les allures du marathon...

DURE REALITE que je vis, alors que l'Ironman, le longue distance est communiqué et vécu pour ma part comme un format individuel où chacun est livré à soi même du début à la fin. Que dire des discours entendu sur "le vrai triathlon, c'est le longue distance car sinon ce sont juste des nageurs-coureurs..."?

Je comprends également que cette grosse "usine Ironman" en donne simplement pour son argent aux demandeurs: toujours plus d'athlètes au départ, un flux énorme sur les parcours ingérable pour un comité d'arbitrage, chacun les yeux fixés sur la performance chronométrique au détriment du règlement et de sa propre estime de soi, pour ne garder et ne mettre en avant que le chrono final et la moyenne établie!!!

 

De retour au parc à vélo, j'ai eu le temps de bouillir, de m'énerver, d'être dégoutté et à la fois triste de ces comportements, de réfléchir à beaucoup de choses et entre autre à renoncer de finir la course à mon niveau puisque déjà bien en retard sur mes prévisions. En effet, je pose le vélo avec 37km/h pour 234w de moyenne. Mais tenez vous bien, j'aurais donc passé 80km en pack pour une moyenne de 34.3 km/h et 163w de moyenne...

Je pose donc mon vélo tranquillement en marchant puis me dirige vers mes affaires de course à pied à enfiler. Je prend le temps de réfléchir à la meilleur option: attendre dans le parc ma chérie pour faire le marathon avec elle ou partir tranquillement pour qu'elle me rattrape et ainsi finir ensemble.

 

Je décide de ne pas risquer d'être de mauvaise compagnie et pars en marchant sur le marathon.

Par chance la famille est là ce qui me permet d'échanger avec eux et de prendre des nouvelles de la position d'Ines afin de réguler mon avancée. Le marathon se passera donc de commentaire côté performance mais l'idée de terminer main dans la main prenait déjà le dessus sur cette mésaventure désagréable. 

Nous nous retrouvons donc 4 km avant l'arrivée, je repars avec elle pour terminer ensemble. C'est avec fierté que je l'accompagne vers la ligne d'arrivée pour son premier Ironman; Et finalement, que demander de plus que de finir cette journée avec le sourire, main dans la main, en embrassant la femme que j'aime sur la finish line ;-)

 

Maintenant, je ne dis pas adieu à ce format Ironman, qui possède de nombreuses ombres au tableau mais aussi tant de point positifs qui resteront gravés dans ma tête.

Je vais d'abord me concentrer sur des formats avec plus de dénivelés et ainsi prendre le temps d'élever mon niveau en natation. Et qui sais, un jour je reprendrais peut-être le départ d'une course "risquée" comme celle-là.

 

Je remercie toutes les personnes qui m'ont suivi et envoyé des messages avant, pendant et après la course.

Merci à toute l'équipe des cycles Georget pour leur soutien matériel sans faille.

Enfin, un grand merci à mes parents, Anne-Marie et Jacky pour leur présence et leur soutien sur place.

 

Place prochainement à l'hiver et son lot de courses préparatoires !!

 

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Commentaires: 7
  • #1

    DaJo (mercredi, 10 octobre 2018 09:06)

    Salut Yannick,
    Lors de la pasta-party post Zofingen, je t'avais bien prévenu que Cervia ou Calella étaient de lamentables drafting-parties, de véritables farces...
    Allez sur l'Elbaman l'an prochain, vous adorerez ;)

  • #2

    Anne-Marie et Jacky (mercredi, 10 octobre 2018 09:08)

    Bisous mon Grand...Vos courses, au delà de ta performance attendue, sont à mes yeux magnifiques...Il faisait diablement chaud...les températures étaient au maximal, ton analyse est conforme à ce que nous avons vécu et vu. Encore toutes nos félicitations pour cet iron man..sacrée organisation ! Bon courage à vous deux pour la reprise et prenez bien soin de vous

  • #3

    triman (mercredi, 10 octobre 2018 11:56)

    Bonjour,

    j'ai vécu ce genre de course trop souvent sur IRONMAN, et c'est pour cela que je n'y vais plus. C'est devenu un monde de mytho et de gros c... .C'est bien dommage !!!!
    Encore félicitations pour vos performances et notamment Zofingen.
    Au plaisir de se croiser en Suisse un de ces jours....

  • #4

    François (mercredi, 10 octobre 2018 13:17)

    Moi aussi à Cervia, mais pas de drafting. C'est vrai qu'à mon niveau (6h10) je laisse passer les trains. Il faut rester zen et résister à la facilité.

  • #5

    Christophe (samedi, 13 octobre 2018 08:31)

    Bonjour, pardonnez la question mais pourquoi être allé dans le sas natation moins de 1h pour sortir en 1h11 ?

  • #6

    Alex (lundi, 22 octobre 2018 12:33)

    Salut. J'y étais également. Je me suis mis dans le sas 1H10 et arrivé an 1H06. Donc nous avons dû prendre le vélo à quelques minutes d'intervalle. Moi je suis parti à 37 (j'ai pas ta puissance en vélo). S'était effectivement dense. J'ai remonté des "petits groupes" mais pas des paquets comme tu en as vu. Au final je n'ai jamais ralenti sauf à cause du vent sur le dernier retour. J'ai bien ralé à quelques reprises sur des gars qui prenaient la roue et qui repassaient devant après la récup mais cela n'a pas duré. Donc tous ca pour dire que oui j'ai vu quelques paquets mais que ce n'était pas général et que le fait que tu te sois retrouvé dans un aussi gros groupe est vraiment un manque de bol. Ensuite j'ai quand même vu du monde à la tente des pénalités... même si je trouve que la sentence est trop clémente.

  • #7

    Thierry MOSCA (lundi, 08 avril 2019 15:23)

    Bonjour,
    Je cherche un hôtel à proximité du village départ mais il n'est mentionné aucune adresse précise sur Iron man ou le site de la course. Je ne veux pas me trouver trop loin.
    Vous souvenez vous du lieu plus précisément, un conseil pour loger ?
    Merci d'avance.
    Sportivement
    Thierry